Page:Duliani - La ville sans femmes, 1945.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
LA VILLE SANS FEMMES

En devenant citadin de la ville sans femmes, on perd naturellement le droit de garder par devers soi la moindre somme d’argent ou de papier-monnaie. Tout ce que nous avions sur nous au moment de l’internement et tout ce que par la suite nous recevions de chez nous était porté à notre crédit dans un compte ouvert chez l’officier payeur. Celui-ci émettait contre le crédit ainsi obtenu des coupons de cinq, dix et vingt-cinq cents et d’un dollar. C’était là la seule monnaie qui avait cours légal dans le camp.

Telle était la forme de notre argent de poche. Notre avoir servait, par ailleurs, à constituer le fonds de roulement de la cantine, sorte d’entreprise coopérative qui nous appartenait et où nous pouvions acheter les marchandises les plus hétéroclites, depuis les cigares et les cigarettes, en passant par les conserves, les légumes et les fruits frais, jusqu’à la crème glacée, les boissons gazeuses et même les huîtres et la bière.

Au début, les bénéfices réalisés par la cantine furent distribués en parts égales aux internés puis on finit par les employer à l’achat de certaines denrées destinées à améliorer et enrichir l’ordinaire de la cuisine.

C’est ainsi que, disposant comme base d’une ration individuelle égale pour la quantité et pour la qualité à celle du soldat, nous avions, grâce à nos achats complémentaires, le régime alimentaire suivant :

Petit déjeuner (entre six heures et sept heures) : une tasse de café, une tasse de lait, du porridge ou avoine, du beurre, du bacon frit et, selon les jours, du jus