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LA VILLE SANS FEMMES

une mauvaise action. En général, toutefois, comme la distribution des colis se termine quelques instants seulement avant l’heure du dîner, c’est tout de suite après, sur les tables des deux réfectoires, que l’on voit s’étaler tout ce qui vient d’arriver de meilleur ou de plus périssable. Sauf les quelques exceptions signalées, les camarades offrent généreusement. Si généreusement même que, parfois, les donateurs gardent très peu pour eux. Mais qu’importe ? Ne goûte-t-on pas à tout ce qu’ont reçu les autres ? Et cela finit par compenser amplement.

Je me suis demandé si, en se faisant envoyer tant de choses, tous ces hommes tendaient uniquement à satisfaire le besoin de manger mieux et davantage. Je ne le crois pas. C’était plutôt pour avoir l’illusion d’être encore un peu chez eux, au sein de leur famille.

Comme on s’en doute, tout ce qui arrive n’est pas distribué. Le censeur du camp fait un tri selon les règlements qui, toutefois, sont assez larges et fort judicieux.

D’abord, et cela se comprend, pas d’alcool ! Les remèdes sont remis au médecin militaire qui en fait l’examen. Les livres et les brochures sont portés au bureau du censeur pour y être lus avant de nous être remis quelques jours plus tard. Les vêtements usagés, qui pourraient introduire des maladies contagieuses dans le camp, et ceux dont le port n’est pas autorisé sont remis au capitaine d’habillement qui les garde en notre nom jusqu’au jour de la libération.

En somme, tout ce chapitre de notre existence s’est déroulé sans encombre et à la double satisfaction des