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« N’IMPORTE OÙ, HORS DU MONDE… »

Pour revenir à la vie dans la baraque, l’hiver, il est certain, toutefois, que tous ces bruits y créent une cacophonie exaspérante qui donne l’envie de sortir, même si dehors la température est glaciale.

Comment lire dans cette ambiance ? Comment, par exemple, les médecins qui voudraient poursuivre leurs études peuvent-ils se tenir au courant des derniers progrès de la médecine et de la chirurgie ? On a bien essayé à plusieurs reprises d’organiser une salle de lecture, mais ce beau projet, qui aurait pourtant rendu tant de services, n’a jamais pu se réaliser…

Outre le bruit, il y a l’indiscrétion de certains camarades de baraque qui rend toute lecture impossible. Il suffit de s’asseoir près de son lit, devant sa grossière petite table de bois de fabrication « domestique » et d’ouvrir un livre pour qu’aussitôt un de ces indiscrets s’approche :

— Tiens ! Qu’est-ce que vous lisez de beau ?

Et là-dessus il commence à parler des livres qu’il a lus, de ceux qu’il n’a pas lus. Peu lui chaud qu’on puisse avoir envie de l’envoyer au diable !

Les livres sont pourtant l’un des grands réconforts des internés. Si tous ceux qui ont un parent ou un ami prisonnier de guerre pouvaient savoir la valeur d’un simple bouquin dans un camp d’internement, ils n’hésiteraient pas à en envoyer beaucoup.

On lit de tout ici, des manuels, des essais, des travaux d’histoire, des romans, etc. Les personnes cultivées profitent de cette longue période d’inaction pour revoir