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LA VILLE SANS FEMMES

saisi avec une justesse émotive du meilleur aloi sept moments différents de l’existence de notre petit bourg.

Naturellement les musiciens se multiplièrent par l’arrivée de nouveaux internés au point que, dans notre deuxième camp, il y avait, composés en majorité d’Allemands, une fanfare complète, un orchestre avec cuivres et cordes, un orchestre composé seulement de violons et de violoncelles et, enfin, un orchestre comique composé d’instruments hétéroclites.

Sans compter un orchestre italien de mandolines et de guitares.

Excusez du peu.

Le dimanche, quelques internés de la Baraque 7, qui possèdent un phonographe, viennent à l’hôpital donner des auditions pour égayer les malades.

D’autres « artistes » se produisent pendant ou après les « banquets ». Parmi eux, il y en a un qui a vraiment le don de la chansonnette. Il possède la finesse d’un Tino Rossi, sans tomber dans l’excès du doucereux. Il n’a que 26 ans et, à Hamilton où il exerce la profession d’ingénieur-électricien, il possède un orchestre complet d’amateurs. Il chante de la musique facile, des chansons italiennes de rues telles que Torna piccina mia ou Mia bella signorina avec des roulades charmantes et une manière bien à lui de prolonger la dernière note en la rehaussant langoureusement avant de la laisser mourir…

Un constructeur de Hamilton a un genre tout différent. Il a composé pour son usage personnel des chan-