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LA VILLE SANS FEMMES

le héros d’une certaine aventure. Mais on s’aperçoit vite que l’expérience du voisin ressemble fort à la sienne. L’homme reprend ainsi sa place dans la nature : un animal parmi les autres animaux.

***

On console un marin qui pique une crise de désespoir :

— Ne te plains pas ! Tu es tout de même bien portant. Tu souffres moins qu’un malade. Tu souffres moins que les habitants des villes bombardées.

— Je m’en f… ! Je souffre quand même assez pour moi !

***

Le « jeune marié » est poète à son heure. Il se promenait avec moi tout à l’heure et nous cotoyions un jardinet tout illuminé de l’éclat coloré de fleurs sauvages et parfumées :

— Je ne peux pas voir une fleur, murmure-t-il d’une voix rauque, sans penser à elle !

***

Un homme me fait des confidences :

— Cet internement m’a fait du bien car, en sortant, je vais donner un adieu définitif aux femmes, qui ont tenu une large place dans ma vie. Ne plus les aimer !