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DÉPARTS ET ARRIVÉES

à la cantine : aussi tout le monde achète à tour de bras, n’importe quoi, histoire d’acheter. Ensuite, il faut mettre dans de grandes boîtes en carton ou dans des caisses et emballer tous nos objets d’usage courant — qu’il faut distinguer de nos effets personnels déposés au Quarter-Master Store. Quelle effroyable quantité d’objets inutiles, et d’accessoires encombrants chaque homme a pu entasser au cours de deux années d’existence passées au même endroit ! Objets de toilette, vêtements, récipients divers, casseroles, poêles, bouteilles, flocons, pots, tasses, cafetières, théières, livres, carnets, block-notes, lettres, souvenirs, porte-bonheur…

Les autorités aident de leur mieux. Elles mettent à notre disposition de grandes boîtes en carton et nous pouvons confectionner nous-mêmes des caisses de bois où tout est rangé en bon ordre. Les boîtes sont ficelées, les caisses sont clouées. La veille du départ, des camions viennent et transportent tout cela à trois milles de distance, à l’embranchement de la ligne de chemin de fer qui, le lendemain matin, va nous servir de gare et où tout est chargé dans les wagons.

On se couche après minuit, éreinté, excité… Et on est debout à trois heures du matin.

Les six cents hommes du camp s’en vont en camions et par groupes de cent, salués à leur passage par les Japonais qui, eux, déménageront un peu plus tard et prendront une autre direction. Avec ce départ, mes fonctions de « directeur » de l’hôpital prennent fin. J’ai seulement — comme ultime devoir — la mission de