Page:Dumanoir - Belphégor, vaudeville fantastique, 1851.djvu/29

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HONESTA, vivement.

Des hommes !…[1] (Elle veut baisser son voile.)

BRANCADOR, l’arrêtant.

Non, non !… Il n’y en a pas d’autre que moi… Le bruit en a couru, mais ç’a été démenti… Ah çà ! dans ton couvent, on ne t’a donc rien appris ?… (Vivement.) Non que je blâme ce système d’éducation !…

HONESTA.

Rien appris ?… mais si fait… on m’a appris à lire dans les livres sacrés…

BRANCADOR.

Bien.

HONESTA.

À chanter au clavecin… des cantiques…

BRANCADOR, à part.

C’est pour ça que tout à l’heure… (Fredonnant.)

Turlurette, ma tanturlurette.

(Haut.) Mais, est-ce que jamais… d’autres idées… d’autres désirs… hein ?…

HONESTA.

Pardonnez-moi… Oh ! je me le suis assez reproché… parce que c’était défendu !

BRANCADOR.

C’était défendu… tu vois bien.

HONESTA, baissant la voix.

J’élevais secrètement, avec une de mes bonnes amies, une petite souris blanche…

BRANCADOR.

Ah ! tu vois bien encore !

HONESTA.

Je sais bien que je faisais mal… et vous allez me trouver bien coupable…

BRANCADOR.

Mais… ça pouvait avoir des suites.

HONESTA.

D’autant plus que j’ai souvent rêvé…

BRANCADOR.

Souvent rêvé ?…

HONESTA, baissant les yeux.

Que mon mari me permettrait d’en élever une autre…

BRANCADOR, vivement.

Un autre mari !…

HONESTA.

Mais non… une petite…

BRANCADOR.

Ah ! oui, oui, oui… blanche… (À part.) C’est Ève, avant la pomme !

  1. H., Br.