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Page:Dumarsais - Œuvres, t7, 1797.djvu/52

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Commençons par éclaircir l’opinion attachée à ce mot de prophète ; la vraie signification est prédicateur ou exhortateur ; c’étoit en effet la fonction des prophètes ; ils exhortoient le peuple à retourner au culte du vrai Dieu, le menaçoient de châtiment, s’il persistoit dans son infidélité, lui promettoient des récompenses s’il rentroit dans son devoir. Ce sont ces promesses et ces menaces faites au hasard, et toujours démontrées par l’événement, qui passoient pour des prédictions, et dont les chrétiens ont imaginé d’en appliquer quelques-unes à Jésus-Christ. Il est si vrai que ces promesses et ces menaces étoient souvent sans effet, qu’on voit dans Jonas[1] qu’il prédit que dans quarante jours Ninive sera détruite ; mais comme cela n’arrive point, il dit que Dieu, touché du repentir des Ninivites, révoqua son décret ; il ajoute ensuite que lui Jonas, en murmura contre Dieu[2], et que prévoyant le retour de miséricorde, il s’étoit sauvé à Tarsis pour éviter ce reproche de mensonge.

Jérémie[3] promet formellement de la part de Dieu, à Sédécias, qu’il mourra en paix ; cependant on lui crève[4] les deux yeux, après avoir égorgé ses deux fils en sa présence. Veut-on une preuve que les prophètes ayant éprouvé plusieurs fois cette contradiction entre l’événement et ce qu’ils avoient annoncé, se ména-

  1. Chap. 5. v. 1. et suiv. Basnage, 1693. pag. 225.
  2. Chap. 4. v. 1 et suiv.
  3. Chap. 3. v. 17. et suiv.
  4. Chap. 39. v. 6. 7.