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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/19

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la princesse flora

riers à Navarin. C’était la volonté de Sa Majesté de régaler la cour et les ambassadeurs d’une promenade en pleine mer. Et, en effet, quel régal, donné par un petit‑fils de Pierre le Grand, pouvait être plus czarien et plus magnifique que celui-là ?

Les bateaux étaient prêts ; la matinée était délicieuse.

La cour commençait à prendre place, et je te jure que ce n’est pas sans un gros serrement de cœur que j’ai quitté la terre ferme, et c’est toute frissonnante que je suis descendue dans un bateau ; mais, quand les rames commencèrent à battre la mer, quand la longue file des chaloupes, dont chacune était pareille à une corbeille de fleurs flottante, commença de fendre les vagues, et que, devant toutes les chaloupes, vola, comme un aigle, un bateau de vingt rames, portant la gloire et l’espérance de la Russie ; quand les bords semblèrent s’enfuir de nous, et que le lointain Cronstadt, avec son épaisse forêt de mâts, vint à notre rencontre, alors que l’immense mer se développa derrière lui bleue et brillante, ma crainte se changea en une jouissance calme et tout à fait nou-