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la princesse flora

velles, et je me trouvai aussi bien dans ma barque que dans un berceau.

Mais voilà que nous avons dépassé Cronstadt, et que nous approchons de l’escadre, prête à mettre à la voile. Tous les matelots disposaient les agrès des bâtiments avec une telle harmonie, qu’on n’eût dit une flotte peinte sur un immense panorama, si des hourras mille fois répétés n’avaient prouvé que cette flotte était bien vivante.

À peine l’empereur, avec la famille impériale, eût-il mis le pied sur le vaisseau amiral, que toute la flotte leva l’ancre, et que chacun de nos bateaux accosta au hasard le bâtiment le plus proche de lui. Le tableau était splendide : les voiles, en tombant, formaient une muraille flottante avec des tours. Nous discutâmes longtemps sur le choix du bâtiment qui devait nous porter ; l’une désirait tout simplement un vaisseau de cent canons, aussi gros que notre président du bureau civil ; l’autre, qui était plus modeste, se contentait d’un vaisseau de soixante et dix, pourvu toutefois que le vaisseau portât le pavillon du contre-amiral ; une troisième voulait absolument