Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
ASCANIO.

Quatre Suisses reconduisirent chez lui Benvenuto, suivi du cameriere. Arrivé dans sa chambre à coucher, Benvenuto tira une clef de sa poche, ouvrit une petite armoire en fer pratiquée dans le mur, plongea sa main dans un grand sac, en tira les cinq cents écus, et les ayant donnés au cameriere, il le mit à la porte lui et les quatre Suisses.

Ceux-ci reçurent même, il faut le dire à la louange de Benvenuto Cellini, quatre écus pour la peine qu’ils avaient prise, et ils se retirèrent en lui baisant les mains, il faut le dire à la louange des Suisses.

Le cameriere retourna aussitôt près du saint-père et lui remit les cinq cents écus, sur quoi Sa Sainteté désespérée entra dans une grande colère et se mit à injurier Pompeo.

— Va trouver toi-même mon grand ciseleur à sa boutique, animal, lui dit-il ; fais-lui toutes les caresses dont ton ignorante bêtise est capable, et dis-lui que s’il consent à me faire mon calice, je lui donnerai toutes les facilités qu’il me demandera.

— Mais, Votre Sainteté, dit Pompeo, ne serait-il pas temps demain matin ?

— Il est déjà trop tard ce soir, imbécile, et je ne veux pas que Benvenuto s’endorme sur sa rancune ; fais donc à l’instant ce que j’ordonne, et que demain à mon lever j’aie une bonne réponse.

Le Pompeo sortit donc du Vatican l’oreille basse, et s’en vint à la boutique de Benvenuto : elle était fermée.

Il regarda à travers le trou de la serrure, à travers les fentes de la porte, passa en revue toutes les fenêtres pour voir s’il n’y en avait pas quelqu’une d’illuminée ; mais voyant que tout était sombre, il se hasarda à frapper une