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ASCANIO.

seconde fois plus fort que la première, puis enfin une troisième fois plus fort encore que la seconde.

Alors une croisée du premier étage s’ouvrit et Benvenuto parut en chemise et son arquebuse à la main.

— Qui va là ? demanda Benvenuto.

— Moi, répondit le messager.

— Qui, toi ? reprit l’orfèvre, qui avait parfaitement reconnu son homme.

— Moi, Pompeo.

— Tu mens, dit Benvenuto, je connais parfaitement Pompeo, et c’est un trop grand lâche pour se hasarder à cette heure dans les rues de Rome.

— Mais, mon cher Cellini, je vous jure…

— Tais-toi ; tu es un brigand qui a pris le nom de ce pauvre diable pour te faire ouvrir ma porte et pour me voler.

— Maître Benvenuto, je veux mourir…

— Dis encore un mot, s’écria Benvenuto en abaissant l’arquebuse dans la direction de son interlocuteur, et ce souhait sera exaucé.

Pompeo s’enfuit à toutes jambes en criant au meurtre, et disparut à l’angle de la plus prochaine rue.

Quand il eut disparu, Benvenuto referma sa fenêtre, raccrocha son arquebuse à son clou, et se recoucha en riant dans sa barbe de la peur qu’il avait faite au pauvre Pompeo.

Le lendemain, au moment où il descendait dans sa boutique, ouverte déjà depuis une heure par ses apprentis, Benvenuto Cellini aperçut de l’autre côté de la rue Pompeo, qui, depuis le point du jour en faction, attendait qu’il descendît.