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ASCANIO.

venues discrètes et de fillettes avenantes. Mais ce n’était pas pour tout cela que le beau jeune homme était venu, car son regard ne s’anima, car il ne s’avança avec empressement que lorsqu’il vit s’approcher une jeune fille vêtue de blanc qu’accompagnait une duègne, mais une duègne de bonne maison et qui paraissait savoir son monde, une duègne assez jeune, assez réjouie, et d’aspect peu barbare, ma foi ! Quand ces deux dames s’approchèrent du bénitier, notre jeune homme prit de l’eau bénite et leur en présenta galamment.

La duègne fit le plus gracieux des sourires, la plus reconnaissante des révérences, toucha les doigts du jeune homme et, à son grand désappointement, offrit elle-même à sa compagne cette eau bénite de seconde main, laquelle compagne, malgré la fervente prière dont elle avait été l’objet quelques minutes auparavant, tint constamment ses yeux baissés, preuve qu’elle savait que le beau jeune homme était là, si bien que lorsqu’elle se fut éloignée, le beau jeune homme frappa du pied en murmurant : « Allons, elle ne m’a pas encore vu cette fois-ci. » Preuve que le beau jeune homme, ainsi que nous croyons l’avoir dit, n’avait guère plus de dix-huit ans.

Mais le premier moment de dépit passé, notre inconnu se hâta de descendre les marches de l’église, et voyant qu’après avoir abaissé son voile et donné le bras à sa suivante, la jolie distraite avait pris à droite, il se hâta de prendre à droite^ en remarquant d’ailleurs que c’était précisément son chemin. La jeune fille suivit le quai jusqu’au pont Saint-Michel et prit le pont Saint-Michel : c’était encore le chemin de notre inconnu. Elle traversa ensuite la rue de la Barillerie et le pont au Change. Or, comme c’é-