— Vous avez destiné l’hôtel du Vieux-Nesle à votre gendre et à votre fille ?
— Sans doute ; et ils y seront installés j’espère avant trois mois.
— Détrompez-vous, mon cher prévôt, détrompez-vous ; l’hôtel de Nesle, à cette heure, n’est plus votre propriété. Excusez-moi de vous causer ce chagrin ; mais j’ai pensé que mieux valait, avec le caractère un peu vif que je vous connais, que vous apprissiez cette nouvelle de la bouche d’un ami, qui mettra à vous l’apprendre tous les ménagemens convenables, que de la tenir de la bouche de quelque malotru qui, enchanté de votre malheur, vous l’aurait jetée brutalement à la face. Hélas ! non, mon ami, le Grand-Nesle n’est plus à vous.
— Et qui me l’a donc repris ?
— Sa Majesté.
— Sa Majesté !
— Elle-même, vous voyez donc bien que le malheur est irréparable.
— Et quand cela ?
— Ce matin. Si je n’avais pas été retenu par mon service au Louvre, vous en eussiez été prévenu plus tôt.
— On vous aura trompé, Marmagne, c’est quelque faux bruit que mes ennemis se plaisent à répandre, et dont vous vous êtes fait prématurément l’écho.
— Je voudrais pour bien des choses que cela fût ainsi, mais malheureusement on ne m’a pas dit, j’ai entendu.
— Vous avez entendu, quoi ?
— J’ai entendu le roi de sa propre bouche donnant le Vieux-Nesle à un autre.
— Et quel est cet autre ?