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ASCANIO.

avec l’intention de lui faire tourner les yeux vers cette admirable tête de vierge.

Mais les yeux d’Ascanio n’avaient plus rien à faire sur ce point : du moment où le jeune homme était entré à l’église, ses regards s’étaient fixés sur la jeune fille et ne s’en étaient plus détournés.

Benvenuto, qui le voyait absorbé dans la même contemplation que lui, se contenta donc de le pousser du coude.

— Oui, dit Ascanio, oui, c’est Colombe ; n’est-ce pas, maître, comme elle est belle !

C’était Colombe, en effet, à qui son père, ne redoutant point une attaque en plein midi, avait permis, non sans quelque difficulté néanmoins, d’aller prier Dieu aux Augustins. Il est vrai que Colombe avait fort insisté, car c’était la seule consolation qui lui restât. Dame Perrine était à ses côtés.

— Ah là ! qu’est-ce que Colombe ? demanda tout naturellement Benvenuto.

— Oh ! c’est vrai, vous ne la connaissez pas, vous ; Colombe, c’est la fille du prévôt, de messire Robert d’Estourville lui-même. N’est-ce pas qu’elle est belle ! dit-il une seconde fois.

— Non, reprit Benvenuto, non, ce n’est pas Colombe. Vois-tu, Ascanio, c’est Hébé, la déesse de la jeunesse, l’Hébé que mon grand roi François Ier m’a commandée, l’Hébé que je rêve, que je demandais à Dieu, et qui est descendue ici-bas à ma prière.

Et sans s’apercevoir du mélange bizarre qu’offrait l’idée d’Hébé lisant sa messe et élevant son cœur à Jésus, Benvenuto continua son hymne à la beauté en même temps que sa prière à Dieu et ses plans militaires : l’orfèvre, le