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ASCANIO.

Alors d’une voix haute et ferme, et se tenant tourné vers la porte :

— À toi, dit-il, à toi, Robert d’Estourville, seigneur de Villebon, prévôt de Paris, moi, Benvenuto Cellini, orfèvre, statuaire, peintre, mécanicien et ingénieur, fais savoir que Sa Majesté le roi François Ier m’a librement et comme c’était son droit donné en toute propriété le Grand-Nesle. Or, comme tu le détiens insolemment et que, contre le désir royal, tu refuses de me le livrer, je te déclare donc, Robert d’Estourville, seigneur de Villebon, prévôt de Paris, que je viens le prendre par force. Ainsi défends-toi, et si mal arrive de ton refus, apprends que c’est toi qui en répondras sur la terre et dans le ciel, devant les hommes et devant Dieu.

Sur quoi Benvenuto s’arrêta, attendant ; mais tout resta muet derrière les murailles. Alors Benvenuto chargea son arquebuse, ordonna à sa troupe de préparer ses armes ; puis, réunissant les chefs en conseil, c’est-à-dire lui, Hermann, Ascanio et Jehan :

— Mes enfans, dit-il, vous le voyez, il n’y a plus moyen d’éviter la lutte. Maintenant, de quelle manière faut-il l’engager ?

— J’enfoncerai la porte, dit Hermann, et vous me suivrez, voilà tout.

— Et avec quoi, mon Samson ? demanda Benvenuto Cellini.

Hermann regarda autour de lui et aperçut sur le quai une solive que quatre hommes ordinaires auraient eu peine à soulever.

— Avec cette poutre, dit-il.

Et il alla tranquillement ramasser la poutre, la mit sous