Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
ASCANIO.

protection de ce noble cavalier. Tenez, tenez, voici M. le prévôt qui se penche sur la muraille, inquiet sans doute qu’il est de nous.

Colombe prit le bras de Benvenuto, et tous trois s’avancèrent jusqu’à deux pas de la porte.

Là Cellini s’arrêta, et assurant sous chacun de ses bras le bras de Colombe et celui de dame Perrine :

— Monsieur le prévôt, dit-il à haute voix, voici votre fille qui demande à rentrer ; j’espère que vous lui ouvrirez la porte, à elle, à moins que vous ne consentiez à laisser aux mains de vos ennemis un si charmant otage.

Vingt fois depuis deux heures le prévôt, à l’abri derrière ses retranchemens, avait songé à sa fille, qu’il avait si imprudemment laissée sortir et qu’il ne savait trop comment faire rentrer. Il espérait qu’avertie à temps elle penserait à l’aller attendre au Grand-Châtelet, quand voyant Cellini quitter le groupe de ses compagnons et s’avancer vers deux femmes, il avait reconnu dans ces deux femmes Colombe et dame Perrine,

— La petite sotte ! grommela tout bas le prévôt, je ne puis cependant pas la laisser au milieu de ces mécréans. Puis élevant la voix :

— Eh bien ! voyons, dit-il en ouvrant le guichet et en appliquant son visage à la grille, que demandez-vous ?

— Voici mes offres, dit Benvenuto. Je laisserai rentrer madame Colombe et sa gouvernante, mais vous sortirez avec tous vos hommes, nous combattrons dehors et à découvert. Ceux à qui le champ de bataille restera auront l’hôtel, et alors tant pis pour les vaincus ! vœ victis ! comme disait votre compatriote Brennus.

— J’accepte, dit le prévôt, mais à une condition.