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Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/163

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ASCANIO.

— Allons, rentrez ! dit brusquement le prévôt en la prenant par le bras et en la conduisant vers la porte, ce sont vos sottises qui nous réduisent à cette extrémité.

Colombe rentra suivie de dame Perrine, à qui la peur avait donné, si non des ailes, comme à sa jolie compagne, du moins des jambes, qu’elle croyait avoir perdues depuis dix ans.

La prévôt tira la porte derrière elle.

— La clef ! la clef ! cria Cellini.

Le prévôt, à son tour, fidèle exécuteur de sa parole, tira la clef de la serrure et la jeta par dessus la muraille, de manière à ce qu’elle retombât dans la cour.

— Et maintenant, cria Benvenuto Cellini en se ruant sur le prévôt et sur sa troupe, chacun pour soi ! Dieu pour tous !

Il y eut alors une mêlée terrible, car, avant que les hoquetons eussent eu le temps d’abaisser leurs fusils et de faire feu, Benvenuto, avec ses sept ouvriers, était tombé au milieu d’eux, hachant à droite et à gauche avec cette terrible épée qu’il maniait si habilement et qui, trempée par lui-même, trouvait si peu de cottes de mailles et même de cuirasses qui pussent lui résister. Les sergens jetèrent donc leurs arquebuses, devenues inutiles, tirèrent leurs épées et se mirent à espadonner à leur tour. Mais, malgré leur nombre, malgré leur force, en moins d’un instant ils se trouvèrent éparpillés sur la place, et deux ou trois des plus braves, blessés au point de ne plus pouvoir continuer le combat, furent forcés de se retirer en arrière. Le prévôt vit le danger, et comme c’était un homme brave et qui dans son temps, ainsi que nous l’avons dit, avait