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ASCANIO.

— Non ! la paix ! dit le prévôt.

— Il n’y a pas de paix sans conditions, monsieur le prévôt, dit Benvenuto. Faites-moi l’honneur de me suivre au Grand-Nesle ou l’amitié de me recevoir au Petit, et nous rédigerons notre traité.

— J’irai avec vous, monsieur, dit le prévôt.

— Accepté ! répondit Cellini.

— Mademoiselle, dit messire d’Estourville en s’adressant à sa fille, faites-moi le plaisir de rentrer chez vous et d’y attendre mon retour.

Colombe, malgré le ton dont l’injonction était faite, présenta son front à baiser à son père, et saluant d’un regard qu’elle adressa à tout le monde, afin qu’Ascanio eût le droit d’en prendre sa part, elle se retira.

Ascanio la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle eût disparu. Puis, comme rien ne le retenait plus dans la cour, il demanda de lui-même à rentrer. Hermann le prit alors sur ses deux bras, comme il eût fait d’un enfant, et le transporta au Grand-Nesle.

— Ma foi ! messire Robert, dit en se mettant à son tour en mouvement Benvenuto, qui avait de son côté suivi des yeux la jeune fille jusqu’au moment où elle avait disparu, ma foi ! vous avez eu grandement raison d’éloigner mon ex-prisonnier, et sur mon honneur, je vous remercie de la précaution : la présence de mademoiselle Colombe aurait pu, je vous le dis, nuire à mes intérêts, en me rendant trop faible, et me faire oublier que je suis un vainqueur, pour me rappeler seulement que je suis un artiste, c’est-à-dire un amant de toute forme parfaite et de toute beauté divine.

Messire d’Estourville répondit au compliment par une