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Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/183

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ASCANIO.

— Comme cela, il vous a donc bien ignominieusement battu ? continua Marmagne.

— Mais…

— Il vous a tué deux hommes, n’est-ce pas ?

— Je le crois.

— Si vous voulez les remplacer, j’ai à votre service deux braves, deux Italiens, deux spadassins consommés ; ils se feront payer un peu cher, mais ce sont des hommes sûrs. Si vous les aviez eus, les choses se seraient peut être passées autrement.

— Nous verrons ; je ne dis pas non. Si ce n’est pour moi, ce sera du moins pour mon gendre le comte d’Orbec.

— Cependant, quoi qu’on en dît, je n’ai jamais pu croire que ce Benvenuto vous eût personnellement bâtonné.

— Qui a dit cela ?

— Tout le monde. Les uns s’indignent comme je fais, les autres rient comme a fait le roi.

— Assez ! on n’est pas à la fin.

— Aussi, vous aviez tort de vous commettre avec ce manant ; et pourquoi ! pour un vil intérêt.

— C’est pour l’honneur que je combattrai maintenant.

— S’il s’était agi d’une maîtresse, passe ; vous auriez pu à la rigueur tirer l’épée contre de pareils gens, mais pour un logement…

— L’hôtel de Nesle est un logement de prince.

— D’accord, mais pour un logement de prince s’exposer à un châtiment de goujat !

— Oh ! une idée, Marmagne, dit le prévôt poussé à bout. Parbleu ! vous m’êtes si dévoué que je veux à mon tour vous rendre un service d’ami, et je suis ravi d’en avoir justement l’occasion. Comme noble et comme secrétaire du