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ASCANIO.

Harpe, Jacques Aubry indiqua à notre inconnu son chemin, que celui-ci savait mieux que lui ; puis ils se donnèrent rendez-vous pour le dimanche suivant, à midi, à la porte de Nesle, et se séparèrent, l’un chantant, l’autre rêvant.

Et celui qui rêvait avait matière à rêver, car il en avait plus appris dans cette journée que pendant les trois semaines précédentes.

Il avait appris que celle qu’il aimait habitait le Petit-Nesle, qu’elle était fille du prévôt de Paris, messire Robert d’Estourville, et qu’elle s’appelait Colombe. Comme on le voit, il n’avait pas perdu sa journée.

Et tout en rêvant, il s’enfonça dans la rue Saint-Martin, et s’arrêta devant une maison de belle apparence, au-dessus de la porte de laquelle étaient sculptées les armes du cardinal de Ferrare. Il frappa trois coups.

— Qui est là ? demanda de l’intérieur et après quelques secondes d’attente une voix fraîche, jeune et sonore.

— Moi, dame Catherine, répondit l’inconnu.

— Qui, vous ?

— Ascanio.

— Ah ! enfin !

La porte s’ouvrit et Ascanio entra.

Une jolie fille de dix-huit à vingt ans, un peu brune, un peu petite, un peu vive, mais admirablement bien faite, reçut le vagabond avec mille transports de joie. « Le voilà le déserteur ! le voilà ! » s’écria-t-elle, et elle courut ou plutôt elle bondit devant lui pour l’annoncer, éteignant la lampe qu’elle portait et laissant ouverte la porte de la rue, qu’Ascanio, beaucoup moins écervelé qu’elle, prit soin de refermer.