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Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/207

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ASCANIO

-rible passage des Alpes, dont jusque-là, grâce à son allié et son parent, il avait cru trouver les portes ouvertes.

Mais Charles-Quint lut tiré de sa sécurité par un véritable coup de foudre. Le roi avait fait marcher avec tant de promptitude une armée sur la Savoie, que son duc vit sa province occupée avant de se douter qu’elle était envahie. Brion, chargé du commandement de l’armée, s’empara de Chambéry, apparut sur les hauteurs des Alpes, et menaça le Piémont au même moment où François Sforce, frappé sans doute de terreur à la nouvelle de pareils succès, mourait subitement, laissant le duché de Milan sans héritier, et par conséquent donnant non seulement une facilité, mais encore un droit de plus à François Ier.

Brion descendit en Italie et s’empara de Turin. Arrivé là, il s’arrêta, établit son camp sur les bords de la Sésia, et attendit.

Charles-Quint, de son côté, avait quitté Naples pour Rome. La victoire qu’il venait de remporter sur les vieux ennemis du Christ lui valut une entrée triomphale dans la capitale du monde chrétien. Cette entrée enivra tellement l’empereur que, contre son habitude, il rompit toute mesure, accusa en plein consistoire François Ier d’hérésie, appuyant cette accusation sur la protection qu’il accordait aux protestans et sur l’alliance qu’il avait faite avec les Turcs. Puis, ayant récapitulé toutes leurs vieilles querelles, dans lesquelles, selon lui, François Ier avait toujours eu les premiers torts, il jura une guerre d’extermination à son beau-frère.

Ses malheurs passés avaient rendu François Ier aussi prudent qu’il avait d’abord été aventureux. Aussi, dès qu’il se vit menacé à la fois par les forces de l’Espagne et de