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ASCANIO.

vous l’ai déjà dit, car à cette époque je le craignais, je vous le répète : mais aujourd’hui j’en suis sûr. Vous avez offensé cette femme, et si vous ne l’apaisez, elle vous perdra. Madame d’Étampes, Benvenuto, écoutez bien ce que je vais vous dire : madame d’Étampes, c’est la reine du roi.

— Que me dites-vous là, bon Dieu ! s’écria Cellini en riant. Moi, moi, j’ai offensé madame d’Étampes ! et comment cela ?

— Oh ! je vous connais, Benvenuto, et je me doutais bien que vous n’en saviez pas plus que moi, pas plus qu’elle sur le motif de son aversion pour vous. Mais qu’y faire ? Les femmes sont ainsi bâties : elles haïssent comme elles aiment, sans savoir pourquoi. Eh bien ! la duchesse d’Étampes vous hait.

— Que voulez-vous que j’y fasse ?

— Ce que je veux ? Je veux que le courtisan sauve le sculpteur.

— Moi, le courtisan d’une courtisane !

— Vous avez tort, Benvenuto, dit en souriant le Primatice, vous avez tort : madame d’Étampes est très belle, et tout artiste en doit convenir.

— Aussi, j’en conviens, dit Benvenuto.

— Eh bien ! dites-le-lui, à elle, à elle-même, et non pas à moi. Je ne vous en demande pas davantage pour que vous deveniez les meilleurs amis du monde. Vous l’avez blessée par un caprice d’artiste ; c’est à vous de faire les premiers pas vers elle.

— Si je l’ai blessée, dit Cellini, c’est sans intention ou plutôt sans méchanceté. Elle m’a dit quelques paroles mor-