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ASCANIO.

vous être importun. Je me sens remis tout à fait. Permettez-moi de me retirer.

— Que vous avez hâte de me quitter ! Attendez du moins qu’on vous ait préparé une litière. Ne résistez pas, c’est l’ordonnance du médecin, c’est la mienne.

Anne appela un domestique et lui donna les ordres nécessaires, puis elle dit à Isabeau de lui apporter ses perles et quelques-unes de ses pierreries, qu’elle remit à Ascanio.

— Maintenant je vous rends la liberté, dit-elle ; mais quand vous serez rétabli, mon lis sera la première chose dont vous vous occuperez, n’est-il pas vrai ? En attendant, pensez-y, je vous prie, et dès que vous aurez achevé votre dessin, venez me le montrer.

— Oui, madame la duchesse.

— Et ne voulez-vous pas que moi je pense à vous servir, et puisque vous faites ce que je veux, que je fasse de mon côté ce que vous pouvez désirer ? Voyons, Ascanio voyons, que désirez-vous, mon enfant ? Car à votre âge, on a beau comprimer son cœur, détourner ses yeux, fermer ses lèvres, on désire toujours quelque chose. Vous me croyez donc bien peu de pouvoir et de crédit, que vous dédaignez de faire de moi votre confidente ?

— Je sais, madame, répondit Ascanio, que vous avez toute la puissance que vous méritez. Mais nulle puissance humaine ne saurait m’aider en l’occasion où je me trouve.

— Enfin, dites toujours, dit la duchesse d’Étampes. Je le veux ! puis adoucissant avec une délicieuse coquetterie sa voix et son visage : Je vous en supplie !

— Hélas ! hélas ! madame, s’écria Ascanio, dont la douleur débordait. Hélas ! puisque vous me parlez avec tant de bonté, puisque mon départ va vous cacher ma honte et