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ASCANIO.

Mais comme maître Georgio insista, que maître Georgio était riche, et que s’il faisait des folies, maître Georgio avait le moyen de les payer, le mécanicien ne s’en mit pas moins à la besogne commandée, et huit jours après il lui apporta une paire d’ailes magnifiques, qui s’adaptaient au corps par un corset de fer, et qui se mouvaient à l’aide de ressorts extrêmement ingénieux avec une régularité tout à fait rassurante.

Maître Georgio paya la mécanique le prix convenu, mesura la place que pouvait tenir cet appareil, monta chez Benvenuio Cellini, et, sans rien dire, bouleversa toute la chambre, regardant sous le lit, guignant dans la cheminée, fouillant dans la paillasse, et ne laissant pas le plus petit coin sans l’avoir visité.

Puis il sortit, toujours sans rien dire, convaincu qu’à moins que Benvenuto ne fût sorcier, il ne pouvait cacher dans sa chambre une paire d’ailes pareilles aux siennes. Il était évident que la tête du malheureux gouverneur se dérangeait de plus en plus.

En redescendant chez lui, maître Georgio retrouva le mécanicien ; il était revenu pour lui faire observer qu’il y avait au bout de chaque aile un cercle de fer destiné à maintenir les jambes de l’homme volant dans une position horizontale.

À peine le mécanicien fut-il sorti que maître Georgio s'enferma, mit son corset, déploya ses ailes ; accrocha ses jambes, et se couchant à plat ventre, essaya de s’envoler. Mais, malgré tous ses efforts, il ne put parvenir à quitter la terre.

Après deux ou trois essais du même genre, il envoya querir de nouveau le mécanicien.