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ASCANIO.

qu’il avait connus à Florence, et à Léonard de Vinci et à maître Rosso venait de succéder le Primatice.

Il s’agissait donc pour Benvenuto de faire suite à ces illustres prédécesseurs, et de porter aux yeux de la cour la plus galante de l’Europe l’art de la statuaire aussi haut que ces trois grands maîtres avaient porté l’art de la peinture. Aussi Benvenuto voulut-il aller de lui-même au devant des désirs du roi en n’attendant point qu’il lui commandât ce bel ouvrage promis, mais en l’exécutant tout d’abord, de son propre mouvement, et avec ses seules ressources. Il avait remarqué facilement combien la résidence où il avait rencontré le roi lui était chère ; il résolut de flatter sa préférence en exécutant une statue qu’il comptait appeler la Nymphe de Fontainebleau.

C’était une belle chose à faire que cette statue, couronnée à la fois de chêne, d’épis et de vignes ; car Fontainebleau touche à la plaine, s’ombrage d’une forêt et s’élève au milieu des treilles. La nymphe que rêvait Benvenuto devait donc tenir à la fois de Cérès, de Diane et d’Érigone, trois types merveilleux fondus ensemble, et qui, tout en restant distincts, ne devaient plus en produire qu’un seul ; puis il y aurait sur le piédestal les triples attributs de ces trois déesses, et ceux qui ont vu les ravissantes figurines de la statue de Persée savent comment le maître florentin ciselait ces merveilleux détails.

Mais un des grands malheurs de l’artiste c’est que, tout en ayant en lui-même le sentiment idéal de la beauté, il lui fallût encore pour la partie matérielle de son œuvre un modèle humain. — Or, où trouver ce modèle qui devait réunir en lui seul la triple beauté de trois déesses ?

Certes si, comme aux jours antiques, si, comme au temps