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ASCANIO.

même heure ; mais par une sensation qu’elle n’avait point éprouvée les jours précédens, au moment où elle se dévêtit, elle sentit que la rougeur lui montait au visage. La pauvre enfant commençait à aimer, et l’amour amenai* avec lui la pudeur.

Le lendemain ce fut pis encore, et Benvenuto fut obligé de lui faire observer plusieurs fois que ce n’était pas la Vénus de Médicis qu’il modelait, mais une Érigone ivre de volupté et de vin. D’ailleurs il n’y avait plus que patience à prendre : deux jours encore, et le modèle était fini.

Le soir de ce deuxième jour, Benvenuto, après avoir donné la dernière touche à sa statue, remercia Catherine de sa complaisance et lui donna quatre écus d’or ; mais Catherine laissa glisser l’or de la main à terre. Tout était fini pour la pauvre enfant : elle retombait, à partir de ce moment, dans sa condition première ; et, depuis le jour où elle était entrée dans l’atelier du maitre, cette condition lui était devenue odieuse. Benvenuto, qui ne se doutait pas de ce qui se passait dans le cœur de la jeune fille, ramassa les quatre écus, les lui présenta de nouveau, lui serra la main en les lui rendant, et lui dit que si jamais il pouvait lui être bon à quelque chose, il entendait qu’elle ne s’adressât qu’à lui ; puis il passa dans l’atelier des ouvriers pour chercher Ascanio, auquel il voulait faire voir sa statue achevée.

Catherine, restée seule, alla baiser les uns après les autres les outils dont le maître s’était servi, puis elle sortit en pleurant.

Le lendemain, Catherine entra dans l’atelier tandis que Benvenuto était seul, et comme tout étonné de la revoir