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ASCANIO.

— Sire, j’ai eu bien peu de temps ; voici pourtant un vase et un bassin d’argent que j’ai commencés, et qui ne sont peut-être pas trop indignes de l’attention de Votre Majesté.

Le roi, pendant près de cinq minutes, examina sans dire un mot. Il semblait que l’œuvre lui fît oublier l’ouvrier ; puis enfin, comme les dames s’approchaient curieusement : « Voyez, mesdames, s’écria François Ier, quelle merveille ! Une forme de vase si nouvelle et si hardie ! que de finesse et de modelé, mon Dieu ! dans ces bas-reliefs et ces rondes-bosses ! J’admire surtout la beauté de ces lignes ; et voyez comme les attitudes des figures sont variées et vraies. Tenez, celle-ci qui élève le bras au-dessus de sa tête : ce geste fugitif est si naïvement saisi qu’on s’étonne qu’elle ne continue pas le mouvement. En vérité, je crois que jamais les anciens n’ont rien fait d’aussi beau. Je me souviens des meilleurs ouvrages de l’antiquité et de ceux des plus habiles artistes de l’Italie ; mais rien ne m’a fait plus d’impression que ceci. Oh ! regardez donc, madame de Navarre, ce joli enfant perdu dans les fleurs et son petit pied qui s’agite en l’air ; comme tout cela est vivant, gracieux et joli ! »

— Mon grand roi, s’écria Benvenuto, les autres me complimentaient, mais vous me comprenez, vous !

— Autre chose ? fit le roi avec une sorte d’avidité.

— Voici une médaille représentant Léda et son cygne, faite pour le cardinal Gabriel Cesarini ; voici un cachet où j’ai gravé en creux, représentant saint Jean et saint Ambroise ; un reliquaire émaillé par moi…

— Quoi ? vous frappez les médailles ? dit madame d’Étampes.

— Comme Cavadone de Milan, madame.