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ASCANIO.

— Pardon, maître, dit Ascanio en s’éloignant avec discrétion.

— Eh bien ! va donc seul où je comptais aller avec toi, mon cher enfant, dit Benvenuto ; aussi bien tu sais que ce que tu as vu, je l’ai vu. Examine tout dans les plus grands détails ; vois si l’atelier aura un bon jour, si la cour sera commode pour une fonte, s’il y aura moyen de séparer notre laboratoire de celui des autres apprentis. N’oublie pas le jeu de paume.

Et Benvenuto passa son bras sous celui de l’étranger, fit un signe de la main à Ascanio, et reprit le chemin de l’atelier, laissant le jeune homme debout et immobile au milieu de la rue Saint-Martin.

En effet, il y avait dans la commission dont son maître venait de le charger plus qu’il n’en fallait pour jeter un grand trouble dans l’esprit d’Ascanio. Ce trouble n’avait pas été médiocre, même quand Benvenuto lui avait proposé de faire la visite à eux deux. Qu’on juge donc de ce qu’il devint lorsqu’il se vit appelé à faire cette visite tout seul.

Ainsi, lui qui avait, pendant deux dimanches, vu Colombe sans oser la suivre, et qui, le troisième, l’avait suivie sans oser lui parler, il allait se présenter chez elle, et pourquoi ? pour visiter l’hôtel de Nesle, que Benvenuto comptait, le dimanche suivant, par forme de récréation, enlever de gré ou de force au père de Colombe.

La position était fausse pour tout le monde : elle était terrible pour un amoureux.

Heureusement qu’il y avait loin de la rue Saint-Martin à l’hôtel de Nesle. S’il n’y avait eu que deux pas, Ascanio ne