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Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/207

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HISTOIRE DE MES BÊTES.

support pour ma main ; après quoi, je me couchai sur le lit de sangle et fis lâcher le robinet.

Pendant trois jours et trois nuits, je restai ainsi, ne me levant que pour aller voir si Mouton mangeait ou buvait.

Mais Mouton ne mangeait pas, mais Mouton ne buvait pas.

Le premier jour, j’y fis peu attention.

Le second jour, cela commença de m’inquiéter.

Le troisième jour, j’eus plus que de l’inquiétude.

On avait pourtant fait au drôle une soupe de tous les reliefs de viande que l’on avait pu trouver ; on lui avait versé un plein baquet d’eau filtrée.

Enfin, vers le milieu du troisième jour, comme j’avais momentanément quitté mon robinet, pour faire une de mes visites à Mouton, visites qui devenaient de plus en plus fréquentes au fur et à mesure que le temps s’écoulait, j’eus la satisfaction de voir Mouton le nez plongé dans son potage.

Puis, en chien bien élevé qui sait que, après avoir mangé, il est hygiénique de boire, je vis Mouton, sa soupe mangée, s’acheminer vers son baquet.

Je ne lui laissai pas le temps d’y tremper la langue.

— Michel ! criai-je.

Michel parut.

— Monsieur m’appelle ? demanda Michel.

— Oui, mon ami, vous pouvez reconduire Mouton chez Challamel ; j’ai vu ce que je voulais voir.

Michel allongea le cou par la lucarne que je laissais libre en me retirant.

— Que voulait donc voir monsieur ?