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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Je déteste les bêtes, mais j’adore les animaux.

Tout enfant, j’étais le plus grand dénicheur de nids, le plus grand coureur de marettes, le plus grand amateur de pipées de la forêt de Villers-Cotterets.

Voir mes Mémoires et la vie et les aventures d’Ange Pitou.

Il en résulte donc que, dans ma solitude de Monte-Cristo, sans avoir l’ingénuité ni le costume d’Adam, j’avais une réduction du paradis terrestre.

J’avais, ou plutôt, j’eus successivement cinq chiens : Pritchard, Phanor, Turc, Caro et Tambo.

J’avais un vautour : Diogène.

J’avais trois singes, l’un qui portait le nom d’un traducteur célèbre, l’autre le nom d’un romancier illustre, et le troisième, qui était une guenon, celui d’une actrice à succès.

Vous comprendrez facilement les raisons de convenance qui me font vous taire ces sobriquets, presque tous appliqués à la suite de détails de la vie privée ou de ressemblances physiques.

Or, comme l’a dit un grand publiciste, — je vous dirais bien lequel, mais je crains de me tromper, — « la vie privée doit être murée ».

Nous appellerons, si vous le voulez, le traducteur Potich, le romancier, le dernier des Laid manoir ; et la guenon, mademoiselle Desgarcins.

J’avais un grand perroquet bleu et rouge appelé Buvat.

J’avais un perroquet vert et jaune appelé papa Éverard.

J’avais un chat appelé Mysouff.

Un faisan doré appelé Lucullus.

Enfin, un coq appelé César.