dos, le bâton ferré à la main. Aujourd’hui, je traîne toute une suite après moi. Je ne sais plus rien faire seul ; c’est toute une affaire que ce voyage.
— Aussi, me dit le ministre, ai-je consacré dix mille francs à cette mission.
— Voyons, tenez-vous beaucoup à ce que j’aille en Algérie ?
— Mais oui, puisque je vous le propose.
— Cela vous fera-t-il grand plaisir ?
— Très-grand plaisir.
— Eh bien, j’ajouterai quarante mille francs, de ma poche, aux dix mille francs que vous m’offrez, et je ferai le voyage.
M. de Salvandy me regarda tout ébahi.
— Dame ! c’est comme cela, lui dis-je ; vous ne vous figurez pas que je vais voyager comme un herboriste. — Je compte inviter trois ou quatre amis à venir avec moi ; puisque vous m’envoyez représenter la France en Algérie, je veux faire honneur à la France.
M. de Salvandy avait cru d’abord que je plaisantais ; mais il avait fini par voir que je parlais sérieusement.
— Puis, ce n’est pas tout, lui dis-je ; si je vais en Algérie, je désire y aller avec toutes les facilités de voyage que peut me donner le gouvernement.
— Ah ça ! mais vous êtes bien difficile ! me dit le ministre.
— Je suis difficile comme un homme qui peut y aller sans vous, et qui, y allant pour vous, fait ses conditions. Cela vous gêne-t-il ? Je ferai mon voyage, comme je l’entendrai.
— Mais alors, vous le ferez donc ?