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Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/355

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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Ledru-Rollin, j’avais la chance d’être assommé, un jour ou l’autre, par les partisans de ces messieurs.

Il s’agissait de faire une grande réforme dans la maison.

Je vendis mes trois chevaux et mes deux voitures pour le quart de ce qu’ils m’avaient coûté.

Je fis don au Jardin des Plantes du dernier des Laidmanoir, de Potich et de mademoiselle Desgarcins. Je perdais une maison, mais mes singes gagnaient un palais.

Après les révolutions, il arrive parfois que les singes sont logés comme des princes, et que les princes sont logés comme des singes.

À moins que les princes n’aient épouvanté l’Europe : alors, on leur fait l’honneur de les loger comme des lions.

Il vous faut donc, à partir de ce moment, chers lecteurs, dire adieu aux colères du dernier des Laidmanoir, aux mélancolies de Potich, et aux caprices de mademoiselle Desgarcins, à qui je n’avais plus de bouteilles d’eau de Seltz à donner à déboucher, bienheureux qu’il me restât de l’eau pure à boire, lorsque tant de gens qui avaient gagné, au lieu de perdre, à ce changement, étaient forcés de boire de l’eau trouble.

Quant à Mysouff, il fut traité comme détenu politique ; quoique sa détention, on se le rappelle, eût une source beaucoup moins honorable, il y gagna sa liberté.

Restait Diogène. — On se rappelle que c’était le nom donné par Michel au vautour, à cause du tonneau dans lequel il faisait sa résidence. — Il fut acheminé vers le restaurant Henri IV, chez mon voisin et ami Collinet, mon compère en art culinaire, et le propagateur, sinon l’inventeur, des côtelettes à la béarnaise.