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Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/70

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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Michel se mit à rire.

— Eh bien, quoi ? demanda Vatrin.

— Mais vous voyez bien qu’il le fait exprès, dit Michel.

Je commençais à le croire, comme Michel.

— Comment, il le fait exprès ?

Vatrin me regarda.

— Ma foi, lui dis-je, j’en ai peur.

— C’est pas malin ! s’écria Vatrin : eh bien, tu vas voir.

Vatrin tira son fouet de sa poche.

Pritchard se coucha, résigné, comme un serf russe condamné au knout.

— Que faut-il faire ? faut-il le rouer de coups, ce guerdin-là ?

— Non, Vatrin, ce serait inutile, répondis-je.

— Mais alors ! mais alors ! mais alors ! s’écria Vatrin exaspéré.

— Alors, il faut abandonner l’animal à son instinct ; vous ne donnerez pas à un pointer les qualités d’un braque.

— Vous êtes donc d’avis de le laisser aller ?

— Laissez-le aller, Vatrin.

— Allons, trotte, vagabond ! dit Vatrin en enlevant la corde.

À peine Pritchard se sentit-il libre, que, sans tourner autour d’aucun arbre, il disparut dans le fourré, le nez bas et le plumet au vent.

— Eh bien, dis-je, le voilà parti, le drôle.

— Cherchons-le, dit Michel.

— Cherchons-le, dit Vatrin en secouant la tête comme un homme médiocrement convaincu de la vérité de la maxime évangélique : « Cherche et tu trouveras. »

Nous ne nous en mîmes pas moins à la recherche de Pritchard.