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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/229

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Baraquille

En Orient, la banane passé pour être le fruit défendu dans lequel mordit notre grand’mère Eve. Elle rend aux pauvres gens le même service que chez nous la pomme de terre aux ouvriers. Aux Antilles et à Cayenne on en fait un vin, qui porte le nom de vin de bananes.

BANGUE. — Chanvre des Indes, qu’Adanson croit être le népenthès des anciens et qu’il est le haschisch des modernes.

BAR. — Poisson de mer qui ressemble à notre mulet ; très-délicat lorsqu’il ne dépasse pas le poids de deux à trois kilos, il devient dur et désagréable à manger lorsqu’il atteint le poids de quinze à vingt kilos. J’ai pêché à Trouville un bar qui pesait vingt-trois kilos ; il était coriace et avait perdu presque toute sa sapidité.

Il n’y a guère qu’une façon de manger ce poisson ; c’est de l’apprêter avec un court-bouillon, composé de 125 grammes de beurre salé, de cinq ou six grandes tiges de persil auxquelles on aura laissé leurs racines, et on le mangera avec une sauce hollandaise.

BARAGOUIN. — Beaucoup de nos lecteurs vont s’étonner de trouver ce mot dans notre dictionnaire de cuisine ; mais, quand ils auront lu l’anecdote qui suit, ils comprendront et nous pardonneront sûrement d’y avoir intercalé le mot baragouin.

Deux Bretons, qui voyageaient, se trouvèrent dans une ville où l’on ne parlait que français. Pressés par la faim, ils s’évertuaient à crier dans leur vieille langue celtique bara-guin sans que personne les comprît ; enfin, ils firent tant de gestes qu’on finit par deviner qu’ils avaient faim et soif, et on s’empressa de les nourrir.

Et voilà comment le mot français baragouin, qui signifie langage incompréhensible, a été formé, de bara qui veut dire pain, et de guin qui veut dire vin en langue bretonne.

BARAQUILLE. — Espèce de pâtisserie, composée d’une farce faite avec des filets de perdrix, de poulardes, des ris de veau, des champignons, des truffes vertes, hachés ensemble, et dans laquelle on ajoute un bon morceau de beurre bien frais et des fines herbes ; on enferme le tout dans une pâte de feuilletage très-légère ; c’est un hors-d’œuvre de pâtisserie de la nature des rissoles.