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Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/43

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Ce luxe alla toujours en augmentant jusqu’à la fin du IVe siècle.

Ce fut alors qu’on entendit un grand bruit au fond des contrées inconnues : au nord, à l’orient, au midi, avec un grand fracas se levaient des hordes innombrables de barbares qui roulaient à travers le monde.

Les uns à pied, les autres à cheval, ceux-là sur des chameaux, ceux-ci sur des chars traînés par des cerfs. Les fleuves les charriaient sur leurs boucliers, la mer les apportait sur des barques. Ils chassaient devant eux les populations avec le fer des épées, ainsi que les bergers poussent les troupeaux avec le bois de la houlette. Ils renversaient nations sur nations, comme si la voix de Dieu avait dit : « Je mêlerai les peuples du monde comme l’ouragan mêle la poussière. »

C’étaient des convives inconnus et insatiables, qui venaient s’asseoir aux grands repas où les Romains dévoraient le monde.

C’est d’abord Alaric, à la tête des Goths, s’avançant au milieu de l’Italie, emporté par le souffle de Jéhovah, comme un vaisseau par celui de la tempête.

« Il va ! »

Ce n’est pas sa volonté qui le conduit, c’est un bras qui le pousse.

« Il va ! »

Vainement un moine se jette sur son chemin et tente de l’arrêter :

« Ce que tu me demandes n’est point en mon pouvoir, lui répond le barbare ; quelque chose me presse d’aller renverser Rome. »

Trois fois il enveloppe la Ville éternelle du flot de ses soldats ; trois fois il recule comme une marée qui redescend.

Les ambassadeurs vont à lui, l’engageant à lever le siège. Ils lui disent qu’il lui faudra combattre une multitude trois fois aussi nombreuse que son armée.