Aller au contenu

Page:Dumas.- Grand dictionnaire de cuisine, 1873.djvu/549

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
526
eau-de-vie.

— Je vous en conjure, monseigneur, par tous les saints du Paradis. »

Les dames se mettent de la partie et conjurent le prélat d’avoir cette complaisance pour elles. L’évêque se prête enfin à leur volonté et bénit l’eau. Le cordelier appelle alors un laquais et lui dit en souriant :

« Champagne, portez cela dans l’église, un cordelier n’a jamais bu d’eau bénite. »

Il avait bien raison, n’est-ce pas ?

EAU DE SELTZ. — L’eau de seltz naturelle se trouve dans une source du duché de Nassau. C’est une eau légèrement gazeuse agréable et digestive. On en fait partout d’artificielle qui garde quelques-unes des excellentes propriétés de l’eau naturelle qui lui sert de type.

L’eau de seltz est bonne pour les phthisiques.

On connaît le petit poëme que lord Byron écrivit sous l’influence des fumées d’un vin du Midi, lymphatus Mareotico, dans lequel il s’éleva à des considérations sublimes et pathétiques touchant la destinée humaine et qu’il interrompit sans retour par ce cri : « J’ai soif ! apportez-moi de l’eau de seltz. »

EAU-DE-VIE. C’est le produit de la distillation du vin opérée à feu moins vif que pour la fabrication de l’alcool. Tandis que tous les trois-six poussés à leur plus haut degré de sublimation se ressemblent, les eaux-de-vie témoignent de goûts fort différents suivant le climat, le sol et le cépage. Les eaux-de-vie fines ont du bouquet et de la sève ; les eaux-de-vie moyennes ont de la sève seulement ; les eaux-de-vie communes ont du terroir ou de l’empyreume, mais toutes ont conservé des principes extractifs des vins dont elles émanent.

Parmi les eaux-de-vie fines on doit placer en première ligne la grande champagne, obtenue d’un vin récolté sur une partie du territoire du département de la Charente. La petite champagne succède, les borderies viennent en troisième ligne, les fins bois suivent de près, les bons bois et les bois clôturent cet ordre de mérite des eaux-de-vie des deux Charentes. Celles de Surgères, d’Aigrefèuille et de la Rochelle ont leur valeur, mais elles sont inférieures en finesse et en qualité aux précédentes.