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guignard.

l’air une patte dans laquelle est une pierre dont le choc les réveillerait si la fatigue venait à les endormir et à la leur faire lâcher. C’est ce que nous appelons faire le pied de grue pour indiquer une longue attente sur les jambes.

Varron rapporte que les Romains élevaient et nourrissaient avec soin des grues dans des volières, pour les manger ensuite à cause de la délicatesse de leur chair ; aujourd’hui encore, dans certaines parties orientales de l’Europe où ces oiseaux sont communs, leur chair est servie sur les tables. Arnaud de Villeneuve trouvait un grand plaisir à la manger, et les Indiens s’en nourrissent, mais je crois qu’il ne peut être question ici que des jeunes grues ou gruaux, car la chair des vieilles est dure, coriace, insipide et de difficile digestion.

GUIGNE. — Espèce de cerise noire et très-sucrée.

GUIGNARD. — Espèce de pluvier que l’on trouve surtout dans le Loiret et dans la Beauce. Il est de la grosseur du merle, le sommet de sa tête est cendré noirâtre, le dessus de son corps teint de vert avec des cercles rougeâtres, sa chair est très-estimée et préférable à celle du pluvier ; on en fait des pâtés très-recherchés. Ceux qu’on préparait pour le célèbre Philippe de Chartres étaient faits avec des guignards, que Collin d’Harleville immortalisa dans une charmante épître, son premier ouvrage, lequel engagea l’auteur à suivre la carrière des lettres ; d’où il résulte que c’est aux guignards que l’on doit l’Inconstant et les Châteaux en Espagne.