ACTE CINQUIÈME.
CHRISTINE.
MONALDESCHI.
SENTINELLI.
PAULA.
CLAUTER.
LANDINI.
LE PÈRE LEBEL.
Scène PREMIÈRE.
Je me trompais encor ; — non, non ; l’on ne vient pas,
Et de mes deux gardiens je n’entends que les pas.
Ils parlent à voix basse, et je les entends rire ;
Ils partagent de l’or… Cet or, que veut-il dire ?
De l’or à des soldats ! J’ai de l’or aussi, moi…
Par son attrait puissant si je tentais leur foi !…
Oui, mais s’ils refusaient, et par eux repoussée
Si je voyais soudain mon offre dénoncée !…
Ils diraient que j’ai peur ; et toujours l’innocent
Doit, même lorsqu’il craint, cacher ce qu’il ressent.
Par sa sérénité je veux que mon visage
De l’innocence aussi porte le témoignage !
Je sais le composer.
— Grand Dieu ! qu’ai-je entendu ?
La reine veut sa mort ; le marquis est perdu !
Perdu !…ma mort !…Oh ciel ! où fuir !…cette fenêtre… ?
Le sol est à vingt pieds… Je me tûrais peut-être…
Mais c’est la seule issue ouverte à mon départ,
Je suis de ces côtés gardé de toute part :
Cette cour isolée est toujours solitaire ;
Je suis sauvé dès lors que je touche la terre !
Mais je dois craindre tout d’un pouvoir odieux.
Eh bien ! en m’élançant je fermerai les yeux.
Quelle que soit ma mort, puisqu’elle est décidée…
Ah ! malédiction ! la fenêtre est gardée.
Oh ! que faire, mon Dieu ?… mon Dieu ! secourez-moi.
Je sens à chaque instant redoubler mon effroi…
Mon Dieu ! que devenir ? Si mes vœux, mes prières,
Écartent de mon sein leurs armes meurtrières,
Mon Dieu ! je fais ici le serment solennel
De vouer tous mes biens au culte de l’autel,
De passer désormais toute mon existence
Dans le recueillement et dans la pénitence…
Du moins si, maîtrisant mon esprit agité,
J’y pouvais ramener quelque tranquillité !
Peut-être parviendrais-je à trouver une issue
Par laquelle, à leurs yeux, ma fuite inaperçue…
Celle-ci !… — fermée… Oh ! je ne le pourrai pas,