Très-bien ! — (Haut.) Monsieur, l’affaire dont je dois entretenir madame de Vertpré est secrète.
Cela se peut, monsieur.
Ce qui fait qu’à moins que vous ne soyez son mari…
Je n’ai pas cet honneur, monsieur.
J’oserai attendre de votre discrétion…
Que je me retire, n’est-ce pas ?
Si vous aviez cette complaisance…
Dites-moi, est-ce que vous en avez pour longtemps ?
Pourquoi cela ?
Ah ! c’est que vous dérangeriez toute notre journée.
J’abrégerai.
Merci, vous serez fort aimable.
Et votre habit ?
Je vais achever de le faire sécher chez Hélène.
Scène IX.
Voilà un jeune homme fort original, et, si j’étais jaloux… Maintenant qu’il est parti, je crois que je puis entrer chez ma femme ?
Ne vous impatientez pas, Léon, je suis prête.
Léon !… et pardieu, madame, ce n’est pas Léon, c’est moi.
Ah ! c’est sa voix ! (Elle s’élance sur le théâtre.) Cher ami, cher Paul, avec quelle impatience je l’attendais.
Vraiment, Adèle ?
Oh ! oui.
Allons, embrasse-moi donc alors. Que tu es belle toujours, chère amie !… et tu pensais à moi ?
Depuis que j’ai reçu ta lettre, qui m’annonçait ton arrivée au Havre, je compte les heures, les minutes ; et sans cet étrange secret que tu me recommandes, j’aurais parlé à tout le monde de mon bonheur.
Ce secret est encore nécessaire… Mais, dis-moi, quel est ce…
Mais les circonstances politiques sont bien changées !
Changées, changées !… — Il y avait ici, quand je suis arrivé, un jeune…
Ta traversée a été heureuse ?
Dix-huit jours de New-Yorck au Havre. — Ce jeune homme qui était…
C’est égal, cela t’a fatigué, et tu as besoin de repos. Je vais donner des ordres…
Non, je t’assure, je ne me sens pas la moindre lassitude. J’ai trouvé en arrivant ici un jeune homme…
Ah ! oui, Léon.
Qu’est-ce que c’est que Léon ?
Un jeune homme charmant.
Je l’ai vu, et là-dessus mon avis…
Plein d’esprit.
Je lui ai parlé, et cependant…
Avocat distingué.
Est-ce que vous avez des procès, madame de Vertpré ?
Non, monsieur, mais j’ai une nièce.
Après ?