Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/341

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MAWBRAY.

À une condition.

RICHARD.

Laquelle ?

MAWBRAY.

Romps ce mariage, abandonne Londres, renonce à la chambre, retirons-nous ensemble dans quelque coin isolé de l’Angleterre, où nous pourrons, toi te repentir, moi pleurer.

RICHARD.

Mawbray, je vous l’ai dit, si vous pouviez me dénoncer, vous l’eussiez déjà fait ; une cause que je ne connais pas vous arrête, mais elle vous arrête enfin, c’est tout ce qu’il me faut.

MAWBRAY.

Tu refuses donc ?

RICHARD.

Je refuse.

MAWBRAY.

Décidément ?

RICHARD, passant devant et présentant la plume à Da Sylva.

À votre tour, monsieur le marquis.

MAWBRAY, arrêtant Richard par le bras.

Arrêtez… — (À Richard.) Il est temps encore.

RICHARD.

Signez !

MAWBRAY, haut.

Marquis Da Sylva…

DA SYLVA.

Monsieur ?…

MAWBRAY.

Vous souvient-il du village de Darlington ?

DA SYLVA.

Comment ?

MAWBRAY.

D’une nuit où vous poursuiviez une jeune fille enlevée ?

DA SYLVA.

Silence, monsieur !

MAWBRAY.

Je ne la nommerai pas ; elle mit au jour un enfant.

DA SYLVA.

Eh bien !…

MAWBRAY.

Vous ne vîtes le père de cet enfant qu’un instant, qu’une seconde, mais ce doit être assez pour le reconnaître toujours ; marquis, regardez-moi bien en face !

DA SYLVA.

C’était vous !

MAWBRAY.

Moi-même.

DA SYLVA.

Donc, vous êtes ?…

MAWBRAY.

Le bourreau ! — (Montrant Richard.) Et voilà mon fils !


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