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RICHARD, descendant.

Oui, monseigneur. — (S’en allant.) Tu prendras le haut de la Seine, toi, quelque jour.

SAVOISY.

Tu parles, je crois.

RICHARD.

Je prie Dieu qu’il vous conserve.

SAVOISY.

Fort bien.

LE PAGE.

La porte du Louvre est fermée, monseigneur.

SAVOISY.

Cela ne se peut pas, Olivier ; il est neuf heures.

LE PAGE.

Cela est cependant, voyez vous-même.

SAVOISY.

Voilà qui est étrange ! — (A un autre seigneur qui entre avec son page.) Comprenez-vous, sire Raoul, ce qui arrive ?

RAOUL.

Qu’arrive-t-il ?

SAVOISY.

Le Louvre fermé à cette heure ?

RAOUL.

Attendons un instant, on va l’ouvrir, sans doute.

SAVOISY.

Le temps est beau, promenons-nous en attendant.

RAOUL.

Arbalétrier !

L’ARBALÉTRIER.

Monseigneur ?

RAOUL.

Sais-tu pourquoi cette porte n’est pas ouverte ?

L’ARBALÉTRIER.

Non, monseigneur.

PIERREFONDS, arrivant.

Salut, messires. Il parait que la reine tient ce matin sa cour sous son balcon.

SAVOISY.

Vous avez deviné du premier coup, sire de Pierrefonds.


Scène III


Les précésents ; BURIDAN, suivi de cinq gardes.
BURIDAN, plaçant ses gardes au fond.

Restez là.

SAVOISY.

Puisque vous êtes si excellent sorcier, pouvez-vous me dire quel est ce nouveau venu ? et s’il est marquis ou duc, pour avoir une garde de cinq hommes ?

PIERREFONDS.

Je ne le connais pas ; c’est sans doute quelque Italien qui cherche fortune.

SAVOISY.

Et qui mène derrière lui de quoi la prendre.

BURIDAN, s’arrêtant et les regardant.

Et à son côté de quoi la garder, messeigneurs, une fois qu’il l’aura prise.

SAVOISY.

Alors vous me donnerez votre secret, mon maître ?

BURIDAN.

J’espère qu’il ne me faudra qu’une leçon pour vous l’apprendre.

SAVOISY.

Il me semble que j’ai entendu cette voix.

RAOUL ET PIERREFONDS.

Moi aussi.

SAVOISY.

Ah ! voilà notre digne ministre, sire Enguerrand de Marigny, qui vient monter sa garde avec nous.

BURIDAN, à ses gardes »

Attention !


Scène IV


Les précésents ; MARIGNY.
MARIGNY, essayant d’entrer.

D’où vient qu’on n’entre pas au palais ?

BURIDAN.

Je vais vous le dire, monseigneur, c’est parce qu’il y avait une arrestation à faire ce matin, et que l’intérieur du palais est lieu d’asile.

MARIGNY.

Une arrestation sans que j’en sache quelque chose ?

BURIDAN.

Aussi vous attendais-je là, monseigneur, pour vous en faire prendre connaissance ; lisez.

SAVOISY ET LES SEIGNEURS, regardant.

Il me semble que cela se complique.

MARIGNY.

Donnez.

BURIDAN.

Lisez haut.

MARIGNY.

« Ordre de Marguerite de Bourgogne, reine régente de France, au capitaine Buridan, d’arrêter et saisir au corps partout où il le trouvera le sire Enguerrand de Marigny. »

BURIDAN.

C’est moi qui suis le capitaine Buridan.

MARIGNY.

Et vous m’arrêtez de par la reine ?