Page:Dumas - Œuvres - 1838, vol.2.djvu/593

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NA}}, étendant la main dessus.

Tu les viendras chercher demain matin.

PAQUITA.

Comme madame voudra.

TERESINA.

Demain matin, entends-tu ? N’y manque pas.

PAQUITA, de la porte.

C’est chose dite.


Scène IV

. Teresina, puis le mauvais Ange.

TERESINA.

Je puis du moins les garder cette nuit, les essayer même ; car je suis seule, et personne ne peut me voir : ce sera comme un songe doré dans ma vie, et une fois je me serai vue riche et parée à l’égal d’une reine !

« Une fleur dans tes cheveux », me dit Don Josès.

Quelle différence !

LE MAUVAIS ANGE.

Dans ce miroir, jeune fille,
Regarde ton œil qui brille,
Plus radieux et plus pur
Que, dans une nuit sans voile,
Ne brille l’or d’une étoile
Au milieu d’un ciel d’azur.
Voix ta bouche parfumée
Que la pudeur tient fermée
Aux plus timides aveux ;
Vois tomber sur ton épaule,
Comme les rameaux d’un saule,
Le trésor de tes cheveux.
Lorsqu’on est aussi parfaite,
Jeune fille, on n’est pas faite
Pour aller mourir d’ennui
Dans quelque ville appauvrie,
Où de la coquetterie
Jamais le soleil n’a lui.
Il faut le luxe qu’étale
Une grande capitale,
Avec ses plaisirs, ses arts,
Ses palais pleins de lumière,
Et Golconde tout entière,
Ruisselant dans ses bazars.
Il faut des valets, des pages,
Des chevaux, des équipages,
Que l’on change tour à tour,
Et des jours pleins de paresse
Qui mènent avec mollesse
À des nuits pleines d’amour.

TERESINA.

Oh ! Que c’est étrange !

Jamais je n’avais eu de pareilles pensées… C’est le feu de ces diamants qui m’éblouit ; c’est ce bandeau qui brûle mon front ; c’est ce collier qui embrase ma poitrine… Oh ! l’air que je respire est de flamme… Ma vue se trouble. J’étouffe.

Don Juan !… Don Juan !…


Scène V

. Teresina, Don Juan.

DON JUAN, entrant doucement et allant mettre un genou en terre près de Teresina.

Me voilà.

TERESINA, avec effroi.

Grand Dieu !

DON JUAN, toujours un genou en terre.

Vous êtes ma souve raine, et je suis votre esclave ; vous m’avez appelé, je suis venu… Qu’avez-vous à m’ordonner ?

TERESINA.

Oh ! Rien.

Et ces bijoux ! Oh ! N’allez pas croire que je voulais les garder… Ce matin, Paquita devait vous les rendre, et, puisque vous voilà…

DON JUAN.

Il est trop tard, Teresina ; ces bijoux ont une vertu magique : vous les avez touchés, cela suffit, et, s’ils ne vous appartiennent plus, vous leur appartenez encore, vous !…

TERESINA.

Vous les remporterez, n’est-ce pas ? Oh ! je vous supplie…

DON JUAN.

Et, quand je les aurai remportés, croyez-vous qu’ils seront moins dangereux absents que présents ? Non, vous les chercherez des yeux ; non, vous porterez la main à votre front et à votre cou, croyant les y trouver ; non, vous les reverrez dans