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Puis, se retournant vers Marie-Antoinette :

— Je suis aux ordres de la reine, dit-il froidement, et je pars. C’est moi qui vous rapporterai des nouvelles du roi, de bonnes nouvelles. Madame, ou qui n’en rapporterai point.

Puis, ces paroles prononcées, il s’inclina jusqu’à terre et partit, sans que la reine, frappée à la fois de terreur et de colère, eût songé à le retenir.

On entendit, l’instant d’après, retentir sur le pavé de la cour les fers d’un cheval qui partait au galop.

La reine demeura immobile, mais en proie à une agitation intérieure, d’autant plus terrible qu’elle faisait de plus grands efforts pour la cacher. Chacun, comprenant ou ne comprenant pas la cause de cette agitation, respecta du moins en se retirant le repos de la souveraine.

On la laissa seule.

Andrée sortit avec les autres de l’appartement, abandonnant Marie-Antoinette aux caresses de ses deux enfants, qu’elle avait fait demander et qu’on venait d’introduire auprès d’elle.


XXXIX

LE RETOUR


La nuit était venue, amenant son cortège de craintes et de visions sinistres, quand tout à coup à l’extrémité du palais retentirent des cris.

La reine tressaillit et se leva. Une fenêtre était sous sa main, elle l’ouvrit.

Presque au même instant, des serviteurs transportés de joie entrèrent chez Sa Majesté en s’écriant :

— Un courrier, Madame ! un courrier !

Puis, trois minutes après, un hussard se précipitait dans les antichambres.

C’était un lieutenant dépêché par monsieur de Charny. Il arrivait à toute bride de Sèvres.

— Et le roi ? dit la reine. — Sa Majesté sera ici dans un quart d’heure, répliqua l’officier, qui pouvait à peine parler. — Sain et sauf ? dit la reine. — Sain et sauf et souriant, Madame. — Vous l’avez vu, n’est-ce pas ? — Non, Madame ; mais monsieur de Charny me l’a dit en m’expédiant.