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GABRIEL LAMBERT.

« Un post-scriptum m’annonçait que dans trois mois je partagerais son bonheur.

« Au lieu de me tranquilliser, cette lettre m’attrista profondément ; et cela sans que je pusse comprendre pourquoi.

« Je sentais qu’un malheur planait au-dessus de ma tête et était prêt à s’abattre sur moi.

« Je lui répondis cependant comme si j’étais joyeuse de sa joie ; j’avais l’air de croire à cet avenir qu’il me promettait, et qu’une voix intérieure me criait n’être point fait pour moi.

« Quinze jours après, je reçus une seconde lettre. Celle-là me trouva dans les larmes.

« Hélas ! si Gabriel ne tenait pas sa promesse envers moi, j’étais une fille déshonorée. Dans huit mois j’allais être mère.

« Je balançai quelque temps pour savoir si j’annoncerais cette nouvelle à Gabriel.

« Mais je n’avais que lui au monde à qui je pusse me confier. D’ailleurs il était de moitié dans ma faute, et si quelqu’un me soutenait il était juste que ce fût lui.

« Je lui répondis donc de hâter autant qu’il le pourrait l’instant de notre réunion, en lui disant qu’à l’avenir ses efforts auraient