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GABRIEL LAMBERT.

gayaient pas le moins du monde, j’avais hâte, je l’avoue, qu’il prît un parti.

« Enfin un matin, après une nuit passée tout entière à se tourner et à se retourner, il se leva plus pâle encore que d’habitude, et comme il ne touchait pas à son déjeuner, et que je lui demandais s’il était malade :

« — Ce sera pour aujourd’hui, me dit-il.

« — Ah ! ah ! lui répondis-je, décidément ?

« — Sans remise.

« — Et vous avez pris toutes vos précautions ?

« — N’as-tu pas vu qu’hier j’ai écrit un billet à la cantine ?

« — Oui, mais je n’ai pas eu l’indiscrétion de regarder.

« — Le voilà.

« Il me donna un petit papier plié. Je l’ouvris et je lus :

« La vie du bagne m’étant devenue insupportable, je suis décidé à me pendre demain, 5 juin 1841.

« Gabriel Lambert. »

« — Eh bien ! me dit-il, comme satisfait de la preuve de courage qu’il me donnait, tu