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XI.

LE PRIX DES NÈGRES.


Au même instant deux hommes accoururent qui avaient vu du point supérieur de la rivière une partie de la scène qui venait de se passer : c’étaient monsieur de Malmédie et Henri.

La jeune fille s’aperçut alors qu’elle était à moitié nue, et rougissant à l’idée qu’elle avait été vue ainsi, elle appela la vieille mulâtresse, passa un peignoir et s’appuyant sur le bras de mamie Henriette encore toute palpitante de terreur, elle s’avança vers son oncle et son cousin.

Ils étaient arrivés en suivant la piste de l’animal, jusqu’au bord de la rivière, juste au moment où retentissait la double détonation du fusil de Georges : leur premier mouvement avait été de croire que c’était un de leurs compagnons qui faisait feu sur le cerf ; ils avaient donc porté les yeux vers l’endroit d’où le bruit était venu, et comme nous l’avons dit, ils avaient vu de loin et vaguement une partie de ce que nous venons de raconter.

Derrière messieurs de Malmédie venait le reste des chasseurs.

Sara et mamie Henriette se trouvèrent bientôt le centre du rassemblement. On les interrogea alors sur ce qui s’était passé, mais mamie Henriette était encore trop troublée et trop émue pour répondre, ce fut Sara qui raconta toute la chose.

Il y a loin d’avoir été témoin d’une scène aussi terrible que celle que nous avons essayé de retracer tout à l’heure, d’en avoir suivi tous les détails d’un œil épouvanté, ou d’en entendre le récit, fût-ce de la bouche de celle qui a failli en être victime, fût-ce sur le théâtre même où elle s’était passée : cependant, comme la fumée des coups de fusil était à peine dissipée, comme le cadavre du monstre était encore là, flot-