Page:Dumas - Georges, 1848.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Télémaque, le pauvre diable avait perdu une partie de son nez déjà fort camard : il l’avait suivi, il avait été introduit près de la jeune fille, dans le pavillon où il était déjà entré deux fois, et là elle avait écrit la lettre qu’il venait de remettre à Georges et que l’intelligent messager avait bien vite deviné être adressée à lui.

Puis elle lui avait donné une pièce d’or ; il ne savait rien de plus.

Georges cependant continua d’interroger Miko-Miko, lui demandant si la jeune fille avait bien écrit devant lui, si elle était bien seule en écrivant, et si sa figure paraissait triste ou joyeuse. La jeune fille avait écrit en sa présence, personne n’était là. Sa figure annonçait la sérénité la plus entière et le bonheur le plus parfait.

Pendant que Georges procédait à l’interrogatoire, on entendit le galop d’un cheval : c’était un courrier à la livrée du gouverneur ; un instant après, il entra dans la chambre de Georges et lui remit une lettre de lord Williams. Cette lettre était conçue en ces termes :

« Mon cher compagnon de voyage,

» Je me suis fort occupé de vous depuis que je ne vous ai vu, et crois ne pas avoir trop mal arrangé toutes vos petites affaires. Soyez assez aimable pour vous rendre chez moi aujourd’hui à deux heures. J’aurai, je l’espère, de bonnes nouvelles à vous apprendre,

» Tout à vous,

» Lord W. Murrey. »

Ces deux lettres coïncidaient parfaitement l’une avec l’autre. Aussi, quelque danger qu’il y eût pour Georges à se présenter à la ville dans la situation où il se trouvait ; quoique la prudence lui soufflât que s’aventurer au Port-Louis, et surtout chez le gouverneur, était chose téméraire, Georges n’écouta que son orgueil, qui lui disait que refuser ce double rendez-vous était presque une lâcheté, surtout ce double rendez-vous lui étant donné par les deux seules personnes qui eussent répondu, l’une à son amour, l’autre à son ami-