Aller au contenu

Page:Dumas - Isaac Laquedem, 1853, tome 4.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 253 —

nous ? Non, nous sommes des arbres. Est-ce que nous sommes des criminels, nous ? Non, nous sommes des innocents. »

Mais, en ce moment, l’ange qui portait au ciel un calice plein du sang de ce Dieu entendit ce que disait l’arbre égoïste, qui, au milieu de la douleur universelle, réclamait pour lui seul le privilége de l’insensibilité. Il pencha légèrement le vase, et, sur les racines de l’arbre infortuné, il laissa tomber, avec ces paroles, une goutte du sang divin :

« — Toi qui n’as pas tremblé quand toute la nature frissonnait, tu t’appelleras le tremble, et, à partir d’aujourd’hui, même pendant ces lourdes journées d’été où meurt toute brise, même lorsque les autres arbres des forêts res-