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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 1.djvu/190

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Elle demeura pendant quelques instants debout devant la princesse, n’osant parler, tant Son Altesse Royale paraissait plongée dans une profonde rêverie.

Enfin Marie-Antoinette leva la tête et fit en souriant à Andrée un signe de la main.

— La chambre de Son Altesse est prête, dit celle-ci ; nous la supplions seulement…

La dauphine ne laissa point la jeune fille achever.

— Grand merci, mademoiselle, dit-elle. Appelez, je vous prie, la comtesse de Langershausen, et nous servez de guide.

Andrée obéit ; la vieille dame d’honneur s’avança empressée.

— Donnez-moi le bras, ma bonne Brigitte, dit la dauphine en allemand, car, en vérité, je ne me sens pas la force de marcher seule.

La comtesse obéit. Andrée fit un mouvement pour la seconder.

— Entendez-vous donc l’allemand, mademoiselle ? demanda Marie-Antoinette.

— Oui, madame, répondit en allemand Andrée, et même je le parle un peu.

— Admirablement ! s’écria la dauphine avec joie. Oh ! cela s’accorde bien avec mes projets.

Andrée n’osa demander à son auguste hôtesse quels étaient ces projets, malgré le désir qu’elle eût eu de les connaître.

La dauphine s’appuya sur le bras de madame de Langershausen et s’avança à petits pas. Ses genoux semblaient se dérober sous elle.

Comme elle sortait du massif, elle entendit la voix de M. de Rohan qui disait :

— Comment, M. de Stainville, vous prétendez parler à Son Altesse Royale malgré la consigne ?

— Il le faut, répondit d’une voix ferme le gouverneur, et elle me pardonnera, j’en suis bien certain.

— En vérité, monsieur, je ne sais si je dois…

— Laissez avancer notre gouverneur, monsieur de Rohan, dit la dauphine en apparaissant au milieu de l’ouverture du